Apéro Thématique avec Chiara Campanaro (Alumni, Promo 2015, Master)

Diplômée du MRIAE en 2015, Chiara Campanaro, actuellement en poste au Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires à Dakar (OCHA – ONU), travaille depuis 7 ans dans le domaine du nexus développement-humanitaire et de la prévention des conflits dans différentes organisations internationales. Les étudiants du MRIAE ont pu apprécier son parcours varié et ses conseils précieux.
Présentation de son parcours
Chiara Campanaro a intégré le Master du MRIAE après deux licences : une licence en français, anglais, russe et italien pour l’interprétation et la traduction à la Sorbonne nouvelle paris III où elle est arrivée initialement un échange Erasmus (Chiara est italienne) et une licence en langue et culture russes à l’INALCO.
Chiara a effectué son premier stage à New York, dans une ONG qui organisait la Youth Assembly aux Nations Unies, où elle travaillait comme coordinatrice. Elle a obtenu ce stage grâce à son investissement dans son travail extra-scolaire : à son arrivée en France, elle a travaillé comme hôtesse d’événements notamment ministériels. Elle explique ainsi que “les petits boulots d’étudiant peuvent parfois s’avérer être très utiles”.
Son deuxième stage de fin d’année est arrivé un peu par hasard. Grâce au cours d’Action Humanitaire, elle avait obtenu un entretien avec un département de l’OCDE mais n’a pas été retenue pour le poste. Par la suite, on lui expliqua que c’était en raison de la présence dans la classe d’une élève bilangue anglais. Son CV a toutefois circulé au sein de l’organisation. Un stage au sein de la présidence du Comité d’Aide au Développement (CAD) lui a alors été proposé car ils cherchaient quelqu’un pour organiser une grande conférence sur la fragilité. A New-York à ce moment-là, elle a demandé de se positionner pour un stage l’année suivante, elle a donc été recontactée et prise pour effectuer un stage dans le même bureau où elle s’est occupée de la fragilité de l’humanitaire, des négociations liés au financement du développement.
Une fois terminé son stage et après trois mois sans offre d’emploi, c’est l’OCDE qui l’a rappelée pour un poste de chef de cabinet dans le même bureau où elle a effectué son stage. Elle y a travaillé pendant encore 9 mois: elle a pu participer à des négociations, comme celles sur le standard de l’aide sur les réfugiés. Elle a ensuite rejoint le “Club du Sahel et l’Afrique de l’Ouest” en tant que coordinatrice.
Plus tard, elle est rentrée à l’AFD, dans le département “stratégie, partenariat et communication” pour travailler avec la Banque Mondiale et les banques internationales. Par la suite, elle a travaillé dans le département de l’Afrique sur les questions de mise en commun de ressources, et sur le nexus humanitaire-développement. Elle a alors dû faire face à un choix professionnel, soit accepter un CDI à l’AFD, soit partir sur le terrain à l’occasion d’un VIA dans la même organisation. Elle a choisi cette deuxième option, qui a été, selon elle, le meilleur choix de sa vie. En poste dans la direction régionale du Golfe de Guinée, elle a travaillé sur la prévention de conflits. Elle a pu renforcer son expertise opérationnelle en tant que chef de projet et effectuer des nombreuses missions dans tous les pays de la région couverte. Sa très bonne relation avec son chef lui a permis de s’exprimer entièrement. Pour cela, elle n’a cessé de rappeler au cours de l’AT qu’il fallait être attentif à l’équipe avec laquelle on allait travailler. En bref, il faut bien souvent choisir l’équipe et non le poste surtout en début de carrière.
A la fin de ses deux ans de VI à l’AFD, elle a été retenue pour un poste aux Nations Unies, celui qu’elle occupe aujourd’hui à Dakar. Elle se focalise sur la région Afrique de l’Ouest et du Centre œuvrant pour la coordination sur le terrain.
Ce qui a le plus joué en faveur de ses nombreuses opportunités
La chance a certes joué un rôle important pour débuter sa carrière, mais depuis le cours d’action humanitaire elle s’est passionnée pour l’action humanitaire et a donc essayé de mettre en avant dans toutes ses candidatures son envie de travailler dans ce domaine tout en développant des capacités lui permettant un plus simple recrutement dans ce domaine. Elle a souligné qu’il était indispensable de connaître le fonctionnement des organisations qui nous intéressent. Elle a précisé que le domaine de l’humanitaire était difficilement directement accessible après le MRIAE. Elle a alors conseillé de commencer dans le domaine du développement qui demande des connaissances plus historiques, économiques et sociales. En outre, elle a précisé qu’elle avait toujours informé ses directeurs de ce qui l’intéressait et ce qu’elle n’acceptait pas de faire. Selon elle, ces opportunités sont surtout le résultat partiellement de la chance, d’avoir noué des bons liens et du fait d’avoir osé : “un peu de fortune et un peu de se créer ses propres opportunités“.
Quelques conseils pour maximiser nos chances de décrocher nos stages
Si on est intéressés par le développement/humanitaire, trouver un stage dans les organisations internationales est très complexe en raison de la présence systématique de concours. Il est donc préférable de chercher un stage dans une ONG. Il est nécessaire de répondre à toutes les offres de stage et de travailler méthodiquement son CV en y incluant les mots-clés. Chiara nous conseille d’écrire aux gens directement sur LinkedIn de manière personnalisée. Avant de postuler, elle nous conseille également de se demander si on préfère travailler du côté opérationnel ou du côté institutionnel. Ceci doit diriger nos choix de candidatures. L’OCDE et l’UNESCO sont à oublier si on veut travailler du côté opérationnel. Il vaut mieux se diriger vers les bailleurs et les ONG. Quant à l’AFD, elle accepte tous les types de candidatures venant de ressortissants européens y compris des personnes non françaises comme elle. Il y a effectivement une politique visant à ouvrir davantage l’institution à des populations non françaises pour la rendre plus multiculturelle.
Dans quelle mesure son expérience dans le terrain l’a aidée par la suite ?
Le terrain est, selon elle, une condition sine qua non pour être quelqu’un de compétent dans le domaine des affaires humanitaires. Il y a une nette différence entre ceux qui ont seulement connu le travail dans un bureau et ceux qui ont eu une expérience sur le terrain. Sans le terrain, les dynamiques locales, le fonctionnement des ministères, la cohésion sociale, ou encore les dynamiques de conflictualité sont moins faciles à comprendre. Cependant, Chiara rappelle qu’il y a des pays plus ou moins fragiles ; elle a par exemple effectué des missions au Nigéria et au Burkina Faso mais elle n’y a jamais vécu en raison des conditions de vie difficiles.