Apéro-thématique n°5 - Humanitaire et migrations
Dernière mise à jour : 17 janv.
A l'occasion de ce 5ème apéro-thématique, les étudiants du MRIAE accueillaient Emmanuelle Stein, fondatrice de l'association Exilophone mais aussi alumni diplômée du MRIAE en 2014 avec à ses côtés, Olivier Iturerere, cinéaste et membre de l'association.
Emmanuelle a commencé par raconter son parcours, ses diverses expériences dans l'humanitaire et son évolution au Master MRIAE, durant lequel elle s'est spécialisée sur la question des réfugiés. Elle a notamment fait des stages et travaillé pour de grandes ONG en Amérique latine et en Grèce.
Au cours de ses expériences, elle a fait face à ce qu'elle appelle "les dérives de l"humanitaire" : pas de réel aspect humain, pas de suivi psychologique des équipes qui doivent écouter les témoignages des réfugiés, pas de contact avec les migrants, pas de réelle implication pour la problématique des migrants, etc. Elle a pu observer plusieurs aspects de l'humanitaire : d'un côté la bureaucratie des grandes ONG, et de l'autre, le manque de suivi des migrants et le manque d'humanité et de moyens sur le terrain.
En 2017, elle part en Grèce dans le centre d'hébergement et culturel pour réfugiés Maison Orange. Elle y donne des cours de musique, sa passion, et constate les effets salvateurs sur les participants. (cf article dans le Huffpost, 10/01/2018)
En Avril 2018, elle décide de fonder avec une autre alumni du MRIAE l'association Exilophone. Aujourd’hui, il existe une antenne en France, une en Grèce, et une au Congo. L'association a pour but de créer du lien social en organisant des activités culturelles : des concerts, des ateliers artistiques, des cours de musique, de danse, de théâtre... Elle organise aussi des sorties culturelles dans des musées ou à des concerts, notamment philharmoniques. Enfin, sur la thématique migratoire, elle met en place des conférences regroupant des chercheurs, des migrants et des doctorants, tous sur un même pied d'égalité. L’objectif est à terme de créer un think tank.

En parallèle, Emmanuelle continue la recherche en sociologie et ethnologie sur la thématique des migrants. Elle souhaite rapprocher le terrain de la théorie.
Olivier quant à lui, est membre de l'association. Il est né au Burundi, où il était producteur et réalisateur dans sa propre maison de production. Il a produit des vidéos pour des ONG, des films d'auteurs, et a notamment travaillé avec TV5 ou l'OIF. En 2016, il participe à un concours organisé par l'Ambassade de France et la Femis, qu'il remporte en 2016. Grâce au concours de la Femis, à cause de la situation tendue au Burundi, il obtient le statut de réfugié en 2017. Cependant, il lui est plus difficile de travailler dans le cinéma en France.
« Je ne suis plus moi, je ne me trouve plus, je n’ai plus cette force, parce que c’est un pays nouveau pour moi; c’est un circuit très fermé le cinéma, je fais de mon mieux, j’essaye de me battre » - Olivier Iturerere
Il est maintenant chargé de la production de vidéos pour Exilophone et anime des ateliers cinéma, tout en donnant des cours pour gagner sa vie. Après une période d'instabilité, il possède aujourd'hui un logement et recommence à travailler dans le domaine de l'audiovisuel. Aussi, il suit une formation dans la production culturelle, et est intéressé par les relations internationales: peut-être un futur étudiant du MRIAE ?
Un art politique qui participe à l'évolution des mentalités, mais qui a aussi des effets thérapeutiques
Qu'importe le statut des réfugiés ou leurs moyens, les ateliers ont pour but de rassembler des gens de différentes nationalités et religions, et de créer du lien. Le théâtre play-back par exemple, permet de raconter son histoire, mise en scène par une autre personne et donc de prendre du recul. Ces ateliers sont aussi un bon moyen de rassembler des personnes isolées. La danse, la musique, le cinéma etc. sont une autre manière de communiquer, et aident quand, comme en Grèce, les réfugiés ne parlent pas la même langue.
Ensuite, Emmanuelle a parlé des difficultés à monter une association. Aujourd’hui Exilophone existe grâce à l'auto-financement et 6 personnes travaillent à plein temps pour ce projet en France (15 personnes en comptant celles basées à l’étranger).
Toutes les difficultés rencontrées sont contrebalancées par "le côté humain qui fait toute la différence".
"Il faut y aller au culot" - Emmanuelle Stein
A noter dans vos agendas: le 12 Février 2019 sera organisé Porte de la Chapelle un apéritif bénévole. Début Juin, à Tel Aviv, sera organisé une journée dédiée à la musique. Au programme: de multiples concerts, des ateliers et des activités culturelles organisées par des réfugiés congolais, érythréens, palestiniens, israéliens, soudanais, etc...
L'association cherche des bénévoles, notamment pour animer des ateliers, ou encore pour accompagner les réfugiés lors des visites culturelles ! Toute l'actualité d'Exilophone est à retrouver sur leur page Facebook (Un site internet est en cours de réalisation).
Un grand merci à Emmanuelle et Olivier pour cette rencontre enrichissante pour l'ensemble des étudiants présents !